Portrait de chercheur.e : Benoît Schmutz, professeur associé au département d’économie de l’Ecole Polytechnique, membre du CREST et de l’IPP, actuel titulaire de la Chaire Professorale Jean Marjoulet.
Quel est ton parcours ? Quels sont tes sujets de recherches ?
J’ai toujours été intéressé par les questions d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Après une licence d’urbanisme, j’ai poursuivi un parcours en géographie et j’ai étudié les déterminants de la mobilité résidentielle dans l’Afrique du Sud post-apartheid, ainsi que les formes urbaines liées à la coexistence, au sein des métropoles contemporaines, de groupes sociaux d’origine et d’histoire très diférentes. J’ai naturellement bifurqué vers l’économie, qui me paraissait ofrir une palette d’outils utiles pour étudier ces questions, et j’ai écrit une thèse sur le logement des immigrés africains en France. Depuis, j’ai travaillé sur des questions essentiellement liées à l’économie urbaine et l’économie du travail : comment recherche-t-on un emploi en dehors de son lieu de résidence ? quels liens y-a-t-il entre le fonctionnement du parc de logements sociaux et la ségrégation des immigrés ? peut-on aider les quartiers pauvres et enclavés en incitant les entreprises à s’y installer par le biais de politiques fscales avantageuses ? J’ai peu à peu élargi le champ de mes recherches pour y inclure des thématiques liées à l’économie politique, ainsi qu’aux efets de pairs dans l’apprentissage.
Que représente pour toi cette nomination à la Chaire Jean Marjoulet ?
Je suis très honoré par cette nomination, à la suite de chercheurs de haut niveau en mathématiques, informatique et physique. L’économie fait partie intégrante du domaine d’excellence de l’Ecole Polytechnique et cette reconnaissance est aussi celle du département, et du CREST.
Quels sujets de recherches souhaites-tu approfondir au sein de cette chaire ?
Mon projet s’intéresse à une vieille question, peut-être pas aussi ancienne que les villes elles-mêmes, mais certainement multiséculaire, à savoir si les villes, autour desquelles la civilisation que nous connaissons s’est construite, sont vouées à disparaître, face à l’accumulation des difcultés si souvent dépeintes par les récits dystopiques d’anticipation. Ce discours est assez saillant aujourd’hui, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, dans les pays les plus développés, l’exode rural est terminé : en France, par exemple, le solde migratoire entre ville et campagne s’est stabilisé depuis près de 50 ans. Cette observation est liée, de façon complexe, au processus de désindustrialisation en Europe et en Amérique du Nord : la création de richesse en ville n’est plus directement liée aux économies d’échelles si importantes dans l’industrie. Ensuite, très récemment, la pandémie du Covid-19 a mis en évidence la vulnérabilité humaine liée aux fortes densité de population, conduisant de nombreuses personnes à réévaluer la nécessité de résider en ville. Cependant, ces phénomènes, de très long terme pour l’un, ou très récent pour l’autre, sont difciles à appréhender de façon systématique pour le moment. Ils sont par ailleurs liés à un troisième déterminant : l’essor des technologies de communication, qui, en théorie, rendent la coprésence physique facultative dans les processus de rencontres historiquement facilités par les villes.
Ce mécanisme est récent : de l’ordre de quelques décennies. Il peut être étudié avec les données de plus en plus riches à notre disposition. De nombreux travaux de recherche qualitative ont depuis longtemps établi le rôle des villes dans la facilitation des interactions sociales, depuis l’agora antique. Y répondre de façon quantitative et statistique nécessite un grand nombre de présupposés méthodologiques. Je pourrai m’appuyer sur le cadre développé par l’économie urbaine, qui conçoit la ville comme la rencontre entre un marché de consommation, un lieu de production, sous des contraintes technologiques liées notamment aux déplacements quotidiens, à la concurrence des usages alternatifs de la terre et aux problèmes de construction. Les villes, plus coûteuses à l’usage, ont néanmoins l’avantage de rendre les agents plus productifs : ce sont les économies d’agglomération. Ces dernières sont de nature diférente : la densité permet le partage de ressources indivisibles, elle favorise la transmission des savoirs, et elle augmente la qualité et la vitesse des rencontres : c’est à ce dernier mécanisme que mon projet s’intéresse. Bien entendu, qualité et vitesse des rencontres sont difciles à mesurer : on n’observe généralement pas les rencontres qui n’ont rien donné ; quant à la qualité, elle est en partie subjective, et requiert une modélisation préalable, ou bien l’emploi de variables proxy, comme la durée des appariements réalisés.
Toutefois, ces économies d’appariement sont remises en cause par la montée en puissance de technologies qui permettent des rencontres dans l’espace, non plus géographique, mais numérique. Ces technologies bouleversent de multiples aspects de la vie sociale, à des degrés divers, et on peut se demander si, aujourd’hui, les rencontres sont toujours plus rapides et plus efcaces en ville. Il est possible que ces évolutions ne jouent que sur les premières étapes du processus d’appariement : la mise en relation, mais que la conclusion d’un accord soit encore largement tributaire d’interactions en présentiel. Par ailleurs, d’un point de vue théorique, l’économie géographique et l’économie du commerce international ont bien montré que l’impact des frictions spatiales sur les inégalités spatiales n’était pas monotone. Dans certains cas, diminuer ces frictions peut au contraire renforcer le pouvoir d’attraction des grandes métropoles. Enfn, ces technologies numériques ne sont pas neutres, et sont elles-mêmes soumises à des phénomènes de types gravitaire, liées aux algorithmes de recommandation, par exemple.
Les rencontres concernent le marché du travail, la mise en couple, la poursuite de loisirs, ou encore la mobilisation politique. Ces diférentes thématiques peuvent sembler disparates. Cependant, elles se prêtent à la modélisation, en utilisant des outils théoriques et statistiques assez similaires, empruntés à l’économie géographique, l’économie du travail, et l’organisation industrielle. Une des astuces des modèles urbains est de supposer que chaque observation, en coupe, est le refet d’un équilibre spatial : aucun agent, étant donné ses préférences et ses contraintes, n’est capable ou désireux de se relocaliser. Cette hypothèse heuristique, plausible à court terme, permet de comparer des équilibres (mais plus difcilement, d’étudier les processus de transition entre deux équilibres). Parmi les autres outils, on peut citer la fonction d’appariement, au coeur du travail des prix Nobel d’économie 2010, ainsi que la notion de supermodularité de la fonction de production liée à l’appariement, qui mesure le niveau de complémentarité entre les parties prenantes (employeur et employé, partenaires dans un couple, élève et professeur, etc.). A ces concepts théoriques, on peut, en utilisant diférentes techniques économétriques, faire correspondre des quantités statistiques, issues de l’emploi de diverses bases de données : l’une des ambitions de ce projet et d’opérer des jonctions entre les trois types de données traditionnels : les données administratives, souvent très granulaires, ce qui est utile dans une perspective géographique ; les données d’enquête, plus précises sur certains aspects ; et les données Internet, qui, dans le meilleur des cas, combinent les atouts des deux sources précédentes, mais peuvent pâtir de problèmes de représentativité.
Grâce aux fonds mis à ma disposition par l’intermédiaire de la Chaire Marjoulet, je vais pouvoir consolider et étofer les équipes dévouées aux diférents projets, et mettre en place les conditions de fabrication et d’exploitation des diférentes bases de données nécessaires. Ce travail, sans soutien extérieur, m’aurait pris de nombreuses années, et cette chaire constitue un formidable coup d’accélérateur !
Tu as travaillé un temps aux États-Unis, bien que la géographie urbaine soit très différente, cette expérience américaine a-t-elle modifié ton regard sur la géographie économique et sociale des villes françaises ?
Je ne suis pas sûr que mon expérience de vie aux Etats-Unis ait modifé mon regard, car je travaillais déjà sur
ces questions. Cependant, mon parcours m’a, depuis longtemps, conduit à m’interroger sur les diférences entre la France et les Etats-Unis dans la prise en compte de la dimension multiculturelle des sociétés contemporaines, notamment en ce qui concerne la dimension dite « ethnique », volontairement gommée par la tradition « républicaine » française, alors qu’elle est très souvent mise en avant dans les analyses anglo-saxonnes.
La saturation des villes, l’augmentation du coût de la vie dans les grandes métropoles, et dans un même temps la désertifcation des campagnes et l’inactivité forcée des personnes due au manque d’ofre d’emploi, déséquilibrent notre société. Comment pourrait-on mieux répartir l’emploi et l’activité au sein du territoire ? Le télétravail, serait-il la solution ?
Il n’est pas à exclure que les changements technologiques en cours, notamment liés au télétravail, conduisent à un rééquilibrage partiel entre les territoires, même si son ampleur fnale dépendra également, par exemple, de l’implication des nouveaux arrivants dans les campagnes et les petites villes dans lesquelles ils ont choisi de résider. Par ailleurs, il est possible que ces mouvements, encore limités en nombre, ne bénéfcient qu’à une minorité de lieux sufsamment bien connectés aux grandes agglomérations, générant, de ce fait, de nouvelles fractures spatiales. Nous vivons une période très intéressante : comme je l’ai indiqué plus haut, il n’est pas certain que les grandes villes bénéfcient encore longtemps des avantages qui ont fait leur succès dans l’histoire, si elles ne parviennent pas à se réinventer. La solution viendra peut-être de l’urgence environnementale, car les fortes densités humaines peuvent, sous certaines conditions, aider à réduire l’empreinte environnementale des hommes. Cependant, ces sujets sont assez éloignés de mon champ de compétences !
La question du logement fait également partie de tes recherches. Tu as ainsi démontré que l’accession aux logements dans le privé pour des familles immigrées est très difcile, ainsi, ils doivent se replier sur les demandes de logements publics ou des logements parfois insalubres. Ce phénomène diminue fortement la mixité sociale souhaitée dans une démocratie telle la nôtre, que ce soit dans les quartiers riches ou dans les quartiers pauvres.… Comment l’Etat, s’il le souhaitait, pourrait-il réduire ce fossé qui se creuse entre les diférents quartiers d’une même agglomération ? Plus généralement, la géographie urbaine, influe-t-elle sur l’efficacité des politiques locales ?
Effectivement, les sociétés contemporaines sont caractérisées par d’immenses inégalités spatiales, à diférentes échelles, et les enseignements de la recherche académique sur le sujet tendent à montrer que les politiques publiques peinent à être efcaces, que ce soit pour aider à la mobilité des personnes ou pour relocaliser les activités. Cette situation est explosive, comme nous l’ont rappelé les émeutes urbaines de ces dernières semaines. Dans un opuscule publié en 2021, L’Emploi et le Territoire, je suggérais que les interventions les plus prometteuses consisteraient à agir sur l’ofre immobilière. Chercher à modifer directement les comportements de mobilité des demandeurs d’emploi ou des entreprises revient davantage à jouer sur les symptômes que sur les racines du problème, à savoir que les territoires les plus dynamiques sont devenus inabordables pour une majorité d’acteurs. En France, s’il n’y a pas de pénurie de logement au niveau agrégé, de nombreux facteurs limitent l’ofre de logement dans les grandes agglomérations. Les raisons en sont diverses, à la fois d’ordre patrimonial, institutionnel et politique. Cependant, il existe une tension entre les nécessités de réallocation régionale de l’ofre de logement et les coûts monétaires, sociaux et environnementaux associés à une croissance métropolitaine encore trop souvent synonyme d’étalement urbain. Dans le cadre des technologies de transport actuellement disponibles, cette tension n’a pas été encore résolue. Par ailleurs, les contraintes politiques locales demeurent très fortes. Dans la petite ceinture de Paris, par exemple, les candidats aux élections municipales de mars 2020 se sont souvent vus contraints de promettre qu’ils s’opposeraient à de grandes opérations immobilières futures, au nom de la « préservation d’un cadre de vie ».
L’occupation de l’ensemble du territoire durant la crise des Gilets Jaunes et plus récemment l’essor des manifestations dans des communes de moins de 15 000 habitants comme à Blain ou dans des îles comme Ouessant montrent qu’un nouveau courant de colère, plus global et moins citadin, est en train de naître ; pour certaines communes, c’est une première. Ainsi, la contestation sociale, liée à l’emploi et à la précarité, commence à s’étendre sur l’ensemble du territoire. Comment analyses-tu cela en tant que géographe et économiste ?
Comme beaucoup de chercheurs et de citoyens, j’ai été très intéressé par le mouvement des Gilets Jaunes, qui rattache la France à une dynamique plus globale, où, à la suite des Printemps Arabes, les mouvements sociaux émergent désormais de façon décentralisée, avec un rôle crucial joué par les agoras virtuelles que constituent les nouvelles plateformes numériques. Le mouvement des Gilets Jaunes est consubstantiellement lié aux possibilités de rencontres ofertes par les diférents réseaux sociaux. Sans doute son efcacité initiale, ainsi que sa grande hétérogénéité géographique, sont-elles liées à cette caractéristique. Mais il y a aussi des raisons de penser que cette dépendance numérique a contribué à la radicalisation progressive du mouvement, et à son essoufement. Les territoires peu denses qui se sont mobilisés se sont-ils davantage retrouvés « coincés » dans une mobilisation exclusivement numérique, plus susceptible de se radicaliser, ou, en tout cas, prisonniers de logiques locales empêchant la construction collective de véritables contre-propositions ? Si ces mouvements émergent uniquement en réaction, contre la vie chère, ou contre tel ou tel projet de taxe carbone, je ne suis pas certain que ces nouvelles géographies de la contestation aient davantage de succès que les anciennes.
PhD in economics: cohesion and multidisciplinarity
At the end of the year, the doctoral students in CREST’s economics cluster organized a series of seminars for first-year doctoral students.
Cohesion & multidisciplinarity
Cohesion between doctoral students is essential. It fosters collaboration, the exchange of ideas and mutual support, creating an environment conducive to learning. Peer solidarity allows to share experiences, solve problems in groups and develop crucial skills. By fostering a team spirit, the cohesion between doctoral students contributes to their personal development and success in their doctoral studies.
These seminars provide another opportunity for first-year doctoral students to present their research. They highlight the theme of their research, as well as the specific questions they are tackling, and the methodology envisaged throughout their doctorate.
CREST doctoral students and researchers are invited to take in these seminars, where their experience in presenting their research enables young doctoral students to practice presenting their project clearly and concisely to people outside the field, thus providing a fresh and stimulating perspective.
The sessions also facilitate the establishment of links with researchers working in similar fields, giving PhD students the opportunity to obtain advice based on the experience of these researchers.
By emphasizing multidisciplinary within the same cluster, these seminars encourage doctoral students to benefit from reflections from the literature and approaches from other fields of research within CREST. This approach stimulates multidisciplinary reflection, enriching the research work of each student.
List of presentations
Camille Boissel | Heterogeneous responses to labour policy |
Sébastien Cerles | A model of advertising |
Aurélien Frot | Job search biases in the data |
Gaëtan Menard | Productivity in health economics |
Clément Montes | A model of economic sanctions |
Théo Roudil-Valentin | Corporate taxation following shocks |
Pedro Vergara Merino | Econometrics of randomized experiment: theory and simulation |
Vincent Verger | Natural Language Processing applied to political economy |
Yiyun Zheng | A model of platforms and reputation |
PolygramPodcast – Geoffrey Barrows
Green economy: an inclusive and sustainable economic growth for all?
An interview with Geoffrey Barrows, a CNRS researcher affiliated with CREST/Polytechnique, interested in environmental economics, international development and international trade.
Dette publique: donner la priorité à la croissance
Une tribune de Pierre Rousseaux dans le journal l’Opinion – 21 août 2023
Peut-on être amis quand on n’a pas les mêmes idées ?
Dans une des Séries d’été du journal Le Monde, Marion Dupont s’intéresse aux recherches de Béatrice Cherrier – 03 août 2023
Réforme de 1990 : les effets de la participation obligatoire
Une analyse d’ Elio Nimier-David (CREST-ENSAE), David Sraer (UC Berkeley, CAE) David Thesmar (MIT Sloan School of Management), “Les effets de la participation obligatoire : les enseignements de la réforme de 1990“
CREST, a multidisciplinary laboratory
On June 19, 2023, CREST organized a day dedicated to doctoral students was held.
At this event, doctoral students from the 4 research divisions (economics, sociology, finance-insurance and statistics) were able to exchange ideas with their colleagues and present their areas of research.
Multidisciplinarity…
CREST favors an interdisciplinary approach to tackling complex issues. This synergy between different areas of expertise enriches research and provides innovative perspectives in a variety of fields such as the sociology of work, public economics, green finance, political economy, statistical analysis of networks and many others.
Thanks to this multidisciplinary approach, the CREST laboratory fosters fruitful collaborations between researchers from different backgrounds, encouraging the emergence of innovative solutions to contemporary societal challenges
Fields of research by division
… At all levels
CREST maintains a wide range of academic and industrial partnerships beyond its core themes. These enriching interdisciplinary collaborations help to provide innovative solutions and tackle complex challenges in a wide range of sectors. CREST works with financial institutions (Caisse des dépôts et consignation, La Banque Postale Asset Management, HSBC AM) and public institutions (Ile de France region) to examine the determinants and impacts of integrating environmental, social and governance issues into investment decisions or to assess their climate and sustainable finance action plans (City of Paris, Ile de France region).
These interdisciplinary partnerships demonstrate CREST’s commitment to tackling contemporary challenges by mobilizing a wide range of knowledge and expertise.
Doctoral studies at CREST
Working in the CREST laboratory, doctoral students benefit from a stimulating environment, conducive to the exchange ideas and collaboration with researchers from a variety of backgrounds. This diversity of approaches fosters the acquisition of cross-disciplinary skills and enables doctoral students to develop a holistic vision of their field of study, strengthening their ability to conduct innovative research and meet the challenges of tomorrow.
CREST Conference on Risk & Insurance 14-15 sep 2023
The objective of the conference is to bring together leading academic scientists, researchers, and research scholars to present and exchange their research results on economic and financial decisions under risk, insurance markets and related public policies. It will be also a tribute to Professor Pierre Picard, an outstanding researcher of the field, who is Emeritus Professor at École polytechnique since September 2021.
This conference is organized as a workshop, based on plenary sessions held at ENSAE (Sep. 14) and Maison internationale (Cité internationale de Paris, Sep. 15), each presentation (12 in total) being made by a leading scientist. Presentations will represent the diversity of research on economic and financial decisions under risk, insurance markets and related public policies. All presentations will be made by invited speakers.
Date: September 14 and 15, 2023.
Participation to the conference is free, but registration is required. Please, click here to register.
Program of the conference
CREST, a multidisciplinary laboratory
On June 19, 2023, CREST organized a day dedicated to doctoral students was held.
At this event, doctoral students from the 4 research divisions (economics, sociology, finance-insurance and statistics) were able to exchange ideas with their colleagues and present their areas of research.
Multidisciplinarity…
CREST favors an interdisciplinary approach to tackling complex issues. This synergy between different areas of expertise enriches research and provides innovative perspectives in a variety of fields such as the sociology of work, public economics, green finance, political economy, statistical analysis of networks and many others.
Thanks to this multidisciplinary approach, the CREST laboratory fosters fruitful collaborations between researchers from different backgrounds, encouraging the emergence of innovative solutions to contemporary societal challenges
Fields of research by division
… At all levels
CREST maintains a wide range of academic and industrial partnerships beyond its core themes. These enriching interdisciplinary collaborations help to provide innovative solutions and tackle complex challenges in a wide range of sectors. CREST works with financial institutions (Caisse des dépôts et consignation, La Banque Postale Asset Management, HSBC AM) and public institutions (Ile de France region) to examine the determinants and impacts of integrating environmental, social and governance issues into investment decisions or to assess their climate and sustainable finance action plans (City of Paris, Ile de France region).
These interdisciplinary partnerships demonstrate CREST’s commitment to tackling contemporary challenges by mobilizing a wide range of knowledge and expertise.
Doctoral studies at CREST
Working in the CREST laboratory, doctoral students benefit from a stimulating environment, conducive to the exchange ideas and collaboration with researchers from a variety of backgrounds. This diversity of approaches fosters the acquisition of cross-disciplinary skills and enables doctoral students to develop a holistic vision of their field of study, strengthening their ability to conduct innovative research and meet the challenges of tomorrow.
Portrait de chercheur.e : Germain Gauthier, doctorant en économie
#Mon Doctorat au CREST
Bonjour Germain, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Germain Gauthier. Je suis français. J’ai 29 ans. Mes recherches portent sur les réseaux sociaux, leurs algorithmes, et la façon dont ils affectent nos sociétés. J’ai notamment beaucoup étudié les mouvements sociaux qui ont récemment émergé sur Facebook/Twitter au cours des dernières années (e.g.,#MeToo, les Gilets jaunes).
En dehors du travail, j’aime écouter des vieilles chansons françaises, faire de la savate ou du surf, et passer du temps en famille.
Quel est votre parcours académique avant le CREST ?
J’ai intégré HEC Paris par la voie des classes préparatoires ECS en 2013. Pendant ces trois années d’étude, j’ai obtenu une licence de Philosophie à l’Université Paris-Sorbonne et un master dans la majeure “Quantitative Economics and Finance” d’HEC. Par la suite, j’ai complété mes études en
économie avec la deuxième année du Master “Analysis and Policy in Economics” de l’Ecole d’Economie de Paris.
Une fois diplômé, j’ai rejoint le CREST pour y faire ma thèse.
Pourquoi avoir choisi de faire un doctorat au CREST ?
Je voulais faire un doctorat pour continuer à me développer intellectuellement. En particulier, je voulais continuer à parfaire mes connaissances techniques en statistiques et en économétrie. Au début, je ne savais pas si j’allais faire professeur des universités ou travailler pour une organisation internationale (Banque Mondiale, FMI, etc.).
Concernant le CREST, j’avais eu l’occasion de discuter avec un certain nombre de professeurs (notamment Jean-Baptiste Michau et Alessandro Riboni) et je sentais que l’encadrement serait bon. Par ailleurs, le centre avait les moyens financiers pour soutenir mes projets pendant la thèse. Enfin, Paris est une ville merveilleuse, et je souhaitais y vivre quelques années de plus.
Qui est votre directeur de thèse, et quel est le sujet de votre thèse ?
Alessandro Riboni a supervisé ma thèse. D’autres professeurs m’ont aussi apporté beaucoup de soutien. Je pense notamment à Xavier d’Haultfoeuille, Benoit Schmutz et Pierre Boyer. C’est un avantage du CREST : les professeurs sont accessibles et sont prêts à vraiment aider les doctorants motivés.
Que pensez-vous de l’environnement au CREST ?
L’environnement de recherche est très riche et décontracté. Il y a beaucoup de séminaires avec des intervenants de qualité. Les doctorants ont l’opportunité de présenter leurs travaux plusieurs fois par an, et les échanges universitaires sont encouragés.
Le personnel administratif est avenant et à l’écoute. Nous avons toujours trouvé ensemble une solution pour que je puisse faire ce que je voulais faire.
#Le Job Market International
Pourquoi souhaitiez-vous candidater à l’international ?
Au cours de ma thèse, j’ai pris goût à la recherche et à l’enseignement, donc j’ai décidé d’en faire mon métier. De nos jours, la recherche ne se fait plus au niveau national, mais à l’échelle mondiale. Il y a assez peu de postes ouverts par an dans le monde, donc cela fait sens d’avoir un horizon géographique étendu. Dans mon cas, je cherchais un poste de professeur dans les meilleures universités européennes.
Comment fonctionne le processus du Job Market ?
C’est un processus relativement long par rapport au secteur privé. Cela prend entre six et huit mois, donc il faut être sûr de vouloir se lancer. Chaque candidat prépare un dossier visant à montrer ses capacités de chercheur et d’enseignant (en septembre/octobre). Le dossier est ensuite soumis à travers deux ou trois plateformes centralisées à plusieurs dizaines (parfois centaines) d’universités dans le monde (en novembre). Les universités contactent les candidats qui les intéressent pour un premier entretien en ligne ou ils présentent à l’oral leurs travaux et leur agenda de recherche pendant une trentaine de minutes (en décembre/janvier). Après ces entretiens préliminaires, les universités recontactent les candidats sélectionnés une seconde fois (en janvier/février/mars). Cette fois-ci, ils sont invités à venir passer la journée sur place. C’est l’occasion pour les candidats de présenter leurs travaux dans un séminaire et de rencontrer les professeurs et les étudiants. Cette dernière étape peut donner lieu à une offre d’emploi.
C’est un marché international et compétitif. Il n’est pas rare de soumettre 150 dossiers en novembre et d’obtenir une ou deux offres d’emploi après le processus de sélection. Il faut donc s’y préparer sérieusement. Contrairement à la rédaction de la thèse, le marché international requiert des candidats, non seulement un niveau de recherche élevé, mais aussi des capacités de communication élevées. C’est de loin ce qu’on apprend le plus à travers tout ce processus : communiquer nos recherches de manière claire et efficace. Je pense que cette capacité me servira au-delà de cette recherche d’emploi.
Quels sont vos projets à venir ?
J’ai reçu plusieurs offres et j’ai finalement accepté un poste de professeur (Assistant Professor dans le jargon administratif américain) à la Bocconi. Je commence en Septembre 2023. Je vais enseigner des cours d’économie publique à niveau licence et master, et continuer mes recherches sur les réseaux sociaux. À terme, j’espère que mes recherches pourront faciliter la mise en place de régulations européennes les concernant.
Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux futur(e)s doctorants(e)s du CREST ?
Deux choses. La première : ne vous considérez plus comme des étudiants. Vous n’êtes plus là que pour apprendre, mais aussi pour produire du savoir. J’ai vécu ma thèse comme un premier emploi pour une durée de cinq ans, et je pense que cela m’a beaucoup aidé à structurer mes
journées et à préserver un bon équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle. La deuxième : écrivez vos idées sur papier tôt, même si vous ne les trouvez pas (encore) formidables. L’écriture a le mérite de forcer une réflexion plus structurée, approfondie et permet de progresser plus vite dans vos recherches.